Projets d’une voire de plusieurs vies, nées de successions d’essais, d’échecs, de réussites, d’inventions et de transformations, les entreprises ont une histoire qui mérite d’être racontée. Pas seulement pour remplir la page « à propos » ou « notre histoire » de leur site internet. Voici une quinzaine de raisons de se pencher sur leur passé.
Même « nées hier », les start-ups à peine sorties de leur incubateur aiment à narrer leur toute jeune aventure entrepreneuriale dès qu’elles en ont l’occasion. C’est que, biberonnées aux préceptes du « storytelling », elles n’ont, par définition, pas grand-chose d’autre sur lequel faire reposer leur argumentaire qu’un beau récit bien ficelé (quitte, parfois à s’arranger avec la réalité) puisque, justement, leur histoire n’en est qu’à ses débuts. Et si leurs aînées s’inspiraient de leurs cadettes pour valoriser ce patrimoine immatériel ? Surtout, nul besoin de trahir les faits pour mettre en avant un passé qui se révèle souvent plus passionnant qu’il n’y paraît lorsque l’on se donne la peine de l’étudier ! Quelle que soit leur taille, les motivations pour connaître et diffuser leur histoire ne manquent pas.

Passer le relais
Pourquoi se donner tant de mal ? En premier lieu parce qu’il est des moments dans la vie d’une entreprise où maîtriser son histoire s’avère indispensable.
Transmettre une entreprise, cela ne revient pas seulement à discuter bilans et perspectives, présenter les équipes et donner les clés des locaux. Les successeurs potentiels, qu’ils soient membres de la famille fondatrice de l’entreprise ou non, bénéficient lorsque c’est possible d’une sorte de mentorat de la part des « sortants ». Dans ce cas, un support (texte, livre ou rapport) évitera des impasses, réunira un ensemble de connaissances afin de les préparer à la suite de l’aventure.
Ce moment du passage de relais, crucial s’il en est, correspond aussi à celui où il faut transmettre des valeurs, une vision celles qui ont fait le succès de l’entreprise, celles qui lui permettent de se démarquer.
Une étude sur l’histoire de l’entreprise permet alors :
- De dresser un bilan
- De formaliser une vision
- D’identifier une plus-value
- De former ses successeurs
Valoriser ses trésors
Dans le coffre aux trésors des entreprises se trouve un patrimoine immatériel pas toujours simple à évaluer tel que les brevets, les données (et l’on sait combien leur explosion les rend complexes à traiter et à exploiter), et des archives et bien plus encore. Les mettre en avant, concrètement, revient à :
- Exposer des techniques, des produits, des inventions, des personnalités méconnues, des lieux (sites de productions, laboratoires, etc.) auprès d’autres membres de la collectivité, des voisins, des institutions, de clients potentiels…
- Trouver un autre usage pour les archives dont le coûteux stockage représente une obligation légale
- Valoriser un héritage
Revenir aux faits
Sans étude approfondie de l’histoire d’une entreprise, avec toute l’exigence que requiert une enquête digne de ce nom (mise en contexte, vérification des sources, etc.) le risque reviendrait à tomber dans l’écueil d’un « storytelling » simpliste qui se contenterait de glorifier certains personnages ou réalisations, voire à tordre les faits pour qu’ils s’inscrivent dans un discours. Or, il semblerait que les faits aient la fâcheuse tendance à se montrer têtus…
Aussi, pour une entreprise, accorder à son histoire l’attention et lui donner la place qu’elle mérite aura pour conséquence :
- de faire la part des choses entre les faits et la légende… et prendre conscience que la réalité n’a souvent nulle besoin de la fiction pour stimuler l’imaginaire
- de formaliser et faire connaître des spécificités pas ou peu connues de ses dirigeants, employés, partenaires, clients…
- de mobiliser celles et ceux qui œuvrent à la vie de cette entreprise
- de disposer d’un support de communication attractif et documenté

Objets de réflexion
Pour aller plus loin encore, une démarche d’investigation sur son histoire permet ;
- de découvrir ou redécouvrir des prouesses technologiques et comprendre comment on pu émerger des innovations passées afin, pourquoi pas, de s’en inspirer pour donner un nouveau souffle à l’entreprise
- de mieux maîtriser son histoire en appréhender les zones d’ombres éventuelles, sans cacher derrière son petit doigt ; et si cette histoire n’est pas toujours simple à porter, inutile d’ajouter un fardeau supplémentaire en trichant avec la réalité
- au-delà de l’adage un peu éculé selon lequel « mieux vaut savoir d’où l’on vient pour mieux savoir où l’on va », de se souvenir que le meilleur moyen de rester englué dans le passé, c’est d’ignorer son histoire
- de contribuer à l’avancée de la recherche : diffuser son histoire, ouvrir ses archives, c’est aussi l’occasion de participer à une œuvre collective
Bien d’autres raisons de se pencher sur son histoire pourraient s’ajouter à cette liste. La célébration d’un anniversaire ou d’une étape marquante vient aisément à l’esprit, surtout qu’il s’agit là d’une occasion supplémentaire d’organiser un « pot »…