Terrain d’entente

Un ballon, une vingtaine de comédiens sur un bout de gazon et quelques litres de bières : plus efficaces qu’une monnaie ou des traités pour rapprocher des humains? J’en ai eu quelques confirmations ces derniers jours.

« Sorry for the Brexit »

Avec par exemple une une scène de ce genre dans bistrot du centre de Riga, le soir du 7 juillet:

« Where are you from? », demande un monsieur scandinave, attablé derrière une énorme saucisse enroulée sur une broche, pendant que son épouse se tape une cloche du même genre.

Le voisin d’une seule traite:

« UK-Sorry-For-The-Brexit »

Ils ont ensuite discuté finance internationale et géopolitique européenne pendant quelques minutes.  J’ai malheureusement raté la conversation en raison de la soupe électro-pop projetée dans nos oreilles par un haut-parleur. Le temps de constater, en épluchant le menu, combien mon pouvoir d’achat me paraissait incroyablement élevé dans ce pays qui a abandonné le Lats pour l’euro en 2014.

Situation d’autant plus intéressante quand, en lisant la partie du menu écrite en cyrillique, on se souvient que près d’un tiers des Lettons sont Russes. Et que, derrière le muret qu’ils projettent de construire à la frontière depuis l’annexion de la Crimée, la Lettonie fait tout pour bien rester au chaud au sein de l’UE. Faut dire, après trois sanglantes occupations russes en moins de 100 ans, le pays a de quoi réclamer des « Lett-In ».

Mon saussissophage lui, a rapidement embrayé sur le match du soir. Parce que bon, faut pas déconner non plus, y a des sujets vraiment sérieux. « Germany-France » retransmis sur tous les écrans des « restaurans » et « kafejnikas » de la vieille ville commençait à 22h00 à cause du décalage horaire. La Mannshaft avait la cote. Pas seulement parce que les Allemands forment la plus grosse cohorte de touristes dans le pays. Les Russes et russophones étaient généralement germanophiles ce soir-là.

« Grrrrrizmann »

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Ceci trônait sur la cathédrale du Dôme jusqu’en 1985

Être Française à l’étranger, dans ce genre de circonstance en particulier, force à faire au moins semblant de s’intéresser au ballon rond. Notez, les choses évoluent. Il y a encore quelques années, quand, en voyage, on se déclarait Français, vos interlocuteurs vous parlaient souvent de Zidane. Maintenant c’est Griezmann. Même l’historien de l’Université de Lettonie rencontré un peu plus tôt m’en a vanté les mérites.

Dans le pub où je suis allée (faire semblant de) regarder le match, le footballeur avait le r qui roulait. Ses deux buts ce soir-là ont été accueillis par des applaudissements plus que fair-play. Trois jours plus tard, les Bleus étaient même devenus les favoris. Une fanfare locale a entonné une Marseillaise assez innattendue dans les ruelles de la vieille ville.

Mais, le soir, dans mon petit pub bondé, ça papillonnait presque autant qu’au Stade de France.Les mouvements d’excitation semblaient seulement un peu plus appuyés lorsque les Bleus s’approchaient des buts adverses. La salle vibrait aussi lors des tentatives portugaises. Après le coup de sifflet final, les supporters avaient franchement changé de camp. Euge (bravo) aux vainqueurs et ressers-moi donc un peu d’Aldaris.

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